C’est dans le cadre d’un événement unique en son genre, mêlant technologie flexifuel par Land Rover et gastronomie flexitarienne par Amandine Chaignot que nous avons eu l’occasion et la chance d’interviewer Laurent Letourneur. Il s’agit du Directeur marketing et Relations Extérieures du groupe Land Rover. Voici notre entretien.
Land Rover : FlexFuel et hybride/électrique, la cohabitation ?
LMAP : Pourquoi s’orienter vers ce type de carburant, le bioéthanol E85, qui est dit propre et éco-responsable ; quand d’autres marques ou bien votre propre groupe peut s’orienter vers des véhicules électriques ou hybrides ?
L.T : Ce n’est pas un projet qui date d’hier. Un projet dans ce sens-là, c’est un projet qui prend plusieurs années pour nous. Donc c’est un mouvement qu’on a lancé il y a déjà de cela 4 ans ou 5 ans au moins en France, pour pouvoir aboutir à ce lancement. On est d’ailleurs le seul pays en Europe à distribuer des véhicules FlexFuel dans la marque Jaguar-Land Rover ; c’est vraiment d’abord un projet franco-français, au départ. Dans le monde on a d’autres pays qui distribuent aussi des FlexFuel dans la marque Range Rover, à savoir le Brésil par exemple, qui est assez friand et preneur de cette technologie et de cette consommation. La démarche est assez simple, aujourd’hui toutes les industries se doivent de devenir de plus en plus responsables. Sur la durabilité, on va dire, de la planète et donc sur la consommation. Aujourd’hui on n’a pas la réponse qui correspond à la meilleure solution en passant par du tout électrique, ou du tout hybride rechargeable ; ou de l’hybride. Et donc on cherche à trouver une combinaison des meilleures solutions. Et le FlexFuel fait partie des solutions que nous pensons responsables pour la planète, et donc qui font avancer aussi notre industrie.
On peut donc penser que le FlexFuel est l’avenir de l’automobile propre et éco-responsable ?
Justement, c’est une partie de la réponse. Après c’est un petit peu comme tout, quand on surconsomme un produit plutôt qu’un autre cela amène toujours des difficultés. Parce qu’il y a une demande et donc une surproduction donc des évolutions etc. Là l’idée, aujourd’hui, on a la chance de pouvoir présenter sur Land Rover des gammes qui sont, soit hybrides, soit hybrides rechargeables, soit hybrides FlexFuel ; donc qui nous permettent dans tous les cas de varier la consommation des usagers.
Donc la combinaison des hybrides est compatible avec cette technologie FlexFuel ?
Aujourd’hui, on a une motorisation qu’on appelle MHEV qu’on appelle MyHybride, donc ce n’est pas une technologie hybride rechargeable. La technologie en question, on l’a aussi sur une motorisation sur Land Rover ; mais en l’occurrence sur la partie FlexFuel, on a une motorisation MyHybride, donc à l’hybride mais non rechargeable. C’est une petite hybridation électrique.
Comment avez-vous fait ce rapprochement avec la cuisine française et locale ?
Alors, on a surtout étudié différentes pistes pour exprimer ce que le FlexFuel voulait dire. Aujourd’hui, en France, on s’est aperçu qu’il y a une grande tendance à manger, à consommer plus responsable. Donc toute cette partie-là, est rattachée à un terme qui s’appelle le flexitarisme ; on mange durablement, ça veut dire qu’on mange de plus en plus local, de plus en plus en phase avec les saisons et on mange aussi de plus en plus varié. Ça convient complètement avec le discours de ce qu’ont souhaité exprimer à travers la consommation de cette énergie E85 bioéthanol.
Comment la marque peut-elle donc espérer attirer une personne lambda, vers ce type de carburant éco-responsable, quand justement on retrouve cette « concurrence » autour de l’hybridation avec tous les bonus qui l’entourent ?
Ce qui est dommage, aujourd’hui en France, c’est finalement que le bioéthanol n’est pas très connu du grand public. Donc aujourd’hui, on fait beaucoup d’efforts pour communiquer et faire savoir que ça existe, que nos modèles à la base sont des FlexFuel, sur les Evoque et les Discovery Sport, qui peuvent être disponibles à l’achat pour le grand public. Effectivement, on a aussi énormément d’avantages à rouler avec ces véhicules. Bien sûr, le premier avantage est de rouler un peu plus responsable ; puisque quand vous roulez au super éthanol, vous avez un taux d’émission de CO2, qui est diminué de 40%. On passe aussi à un taux d’émission de particules fines qui est diminué de 90% ; donc l’un plus l’autre fait qu’aujourd’hui, quand vous prenez réflexion, pour un particulier, vous avez un avantage économique, puisque vous avez 0€ de malus. Au-delà de cela, quand vous regardez le prix du Bioéthanol E85 à la station-service, vous êtes en moyenne -aujourd’hui- à un prix de 0,67€ pour un litre, quant au niveau de l’essence vous êtes à 1,70€. Donc vous gagnez 1€ par litre, soit sur un plein vous gagnez 60€ en moyenne. Aujourd’hui, si vous faites le plein d’un Evoque ou d’un Discovery Sport en super éthanol, à 35-40€ ; c’est énorme en termes d’avantages clients. Et puis plus durablement, cela vous coûte moins cher sur l’utilisation de votre voiture. Après je ne vais pas vous le cacher, ça consomme un tout petit peu plus, on est à peu près à 20% de plus que quand vous roulez à l’essence normale.
Comment est-ce que l’on adapte ce type de motorisation à cette nouvelle technologie, va-t-on retrouver un déficit ou une amélioration ?
Au contraire, ce type d’essence permet en fait d’avoir une amélioration de l’utilisation du moteur. C’est vraiment léger, mais il y a une amélioration des capacités du moteur ; donc il n’y a absolument aucune incidence sur la durabilité. Le seul point c’est que, aujourd’hui, il est monté sur un seul type de motorisation chez nous, qui est à 200CH.
On sait que le groupe Land Rover tient d’un certain standing et d’un certain luxe, donc est-ce que cette nouvelle technologie est réservée à ce standing ou non ?
Nous sommes une marque premium, qui a même tendance à aller de plus en plus vers le côté luxe. Et cette évolution de motorisation, elle est réellement liée non pas à une partie luxe ou un positionnement de marque ; mais c’est vraiment dans une optique de responsabilité et de durabilité, ça répond vraiment à cet objectif. L’optique, c’est la responsabilité, la durabilité et trouver des solutions comme on l’expliquait juste avant. Ce qui, par-là diversité, peut permettre d’être un peu plus responsable aussi. Tout ceci s’inscrit donc, dans un programme sur le long terme. Il y a quelques mois, le président de la marque, Thierry Bolloré, a annoncé le lancement du programme « reimagine », qui tend à transformer le groupe Land Rover, de manière plus responsable et donc de plus en plus électrique. D’ailleurs, en 2024 nous annoncerons aussi sur Land Rover un véhicule 100% électrique, et hier encore nous avons annoncé aussi des évolutions et des tests sur de l’hydrogène. Nous sommes complètement dans l’ouverture de « reimagine » la marque avec de multitude de solutions qui puissent convenir aussi à chacun des constructeurs.
Interview réalisée par Brian Markhoul, publiée le 19/06/2021 à 10h15