La Reprogrammation Moteur fait l’objet de nombreux pré-jugés encore aujourd’hui en France : l’évocation du sujet et surgissent les commentaires « c’est dangereux pour le moteur! » ou « c’est illégal! »… Mais alors, comment expliquer cet engouement, le développement des offres de reprogrammation moteur en tous genre, la notoriété grandissante de cette activité dans le monde automobile ? Pourquoi et comment laisse-t-on faire ? La situation est sans doute plus complexe qu’il n’y parait et c’est ce que nous allons essayer de comprendre.
Cadre légal de la reprogrammation moteur
Alors que je flânais récemment sur un média social bien connu, je suis tombé sur une vidéo en forme d’interview d’un avocat en droit routier qui prétendait, sûr de lui, que la reprogrammation moteur n’avait « rien d’illégal » en France.
Et de s’appuyer sur cette fameuse réglementation du Code de la Route pour affirmer que, dès lors qu’on ne modifie pas physiquement les pièces de son moteur, on ne perdrait pas l’autorisation de circuler avec son auto.
En regardant les textes de plus près, c’est vrai qu’il est fait mention uniquement de « transformation notable », sans qu’il soit clairement dit ce qui est permis et ce qui ne l’est pas.
Pour les assureurs, qui interviennent régulièrement dans la presse auto à la demande des journalistes, c’est formellement interdit. Normal, il y aurait un net conflit d’intérêt pour eux à prétendre le contraire. C’est un cas similaire aux boîtiers Ethanol, homologués par l’Etat et proscrits par les constructeurs automobiles qui menacent leurs clients de perdre toutes les garanties sur leurs véhicules en cas de montage.
Un réglage d’injection sans changement sur le moteur
Alors que faut-il en penser ? La Reprogrammation Moteur, c’est la possibilité, en gros, de tirer davantage de couple et de puissance d’un moteur en effectuant un nouveau réglage des données d’injection, sans rien changer sur le moteur.
Auparavant, du temps des carburateurs, ça aurait été l’équivalent de régler son carbu aux petits oignons pour sortir aussi plus de couple et de puissance. Et c’est là qu’on voit bien le caractère un peu absurde dans l’idée de l’interdire. On sait déjà qu’entre plusieurs autos du même modèle, on peut avoir des différences importantes de couple et de puissance au banc, selon l’encrassement du FAP, le type d’huile, l’âge des bougies, le carburant en place (SP95 ou SP98)… Il y a donc déjà beaucoup de variables.
Qu’en pensent les constructeurs ?
Les constructeurs ont l’air d’apprécier un peu différemment le respect des données techniques déclarées à l’homologation de leurs véhicules, sachant pertinemment qu’aujourd’hui dans les Etats où leurs autos sont commercialisées, plus personne ne contrôle l’exactitude de ces informations… Il est donc courant de constater des différences de 20,30 ou même 40 ch de plus que les données annoncées comme il est également très courant sur de gros moteurs atmosphériques d’avoir nettement moins de couple et de puissance que sur le papier, du fait de conditions réelles moins idéales que celles prises pour exprimer les caractéristiques moteur sur le papier.
Dans quelle mesure il serait donc plus légal de circuler avec ces véhicules qu’avec un autre ayant simplement subi un réglage de son injection pour modifier des valeurs qui ne respectaient déjà à l’origine pas les données constructeurs ? On comprend de ce fait bien mieux la situation !
Pour conclure, chacun peut avoir son avis sur la question, sa ligne rouge infranchissable, mais il semble que de fait, la seule limite légale soit de changer une pièce, la moindre pièce de son véhicule qui ne soit pas d’origine. Pour le reste, il semble juridiquement compliqué de reprocher quoi que ce soit… surtout que la Reprogrammation Moteur est dans l’air du temps, avec des économies de carburant toujours bonnes à prendre, certains pays européens encouragent même ces optimisations. Quoi qu’il en soit, cela reste un choix personnel et à la revente, tous les professionnels du secteur conseillent de remettre le réglage d’origine, afin de ne pas l’imposer au propriétaire suivant.